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Fixer les gens
10:09
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Regarder sa vie défiler devant ses yeux comme dans un film.
Oublier que les autres peuvent capter ce regard inanimé.
Ne pas réaliser qu’il s’agit d’un spectacle vivant, d’une scène réelle.
Moins mise en scène que les images animées sclérosées que l’on s’infligeait étant mômes.
Oublier qu’on compte pour les autres, qu’on est finalement plus qu’une chose.
Perdu dans une masse grouillante sans interaction personnelle.
On regarde les gens s’amuser, s’activer, oeuvrer pour leur futur pour certains plus qu’incertain.
Sans possibilité de jamais vraiment connaître l’autre, de totalement le pénétrer.
Capter un regard nous fait dévier de notre travelling mental.
Comment interpréter ce qui fondamentalement est animal ?
Pour une fois qu’il se passe quelque-chose, on s’en voit tout retourné.
Le regard s’affaisse, les trajectoires se croisent mais ne s’embrassent pas.
C’est qu’il faut créer l’occasion, forcer l’événement, provoquer la collision.
Pour qu’il y ait collusion, qu’enfin dans cette masse des caractères se distinguent.
Que les cercles concentriques se forment, que les intérêts mutuels se manifestent.
Que l’on trouve un terrain d’entente, un terrain de jeu commun.
Que quelque-chose se dégage de cette immensité de traits distincts inatteignables.
Que quelques âmes défroquées partagent leur solitude le temps de soirées arrosées.
Qu’on tente de se coaliser pour ne faire qu’un avant de se disloquer en atomes crochus.
Rentrant esseulés dans nos casemates, avec un sentiment ambivalent de joie et de vacuité.
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2. |
Amoureux d'une image
09:21
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Penser aimer quelqu’un alors qu’on aime la projection qu’on s’en fait.
L’image qu’on se ressasse et qu’on se repasse sur les murs de notre caverne mentale.
Comme on aime se confronter aux mêmes clichés retouchés couchés sur réseaux sociaux glacés.
Peeping Tom universel, tout le monde se regarde en chien de faillance, pour mieux détourner le regard que l’on porte sur nos réalités.
Aimer trop vite, aimer trop tôt, du moins le penser trop fort.
Si bien qu’à force on se demande si on a jamais connu le véritable sens du verbe “aimer”.
A passer d’un objet de passion à un autre, on ne sait plus à quels seins se vouer.
Penser aimer ce que l’on ne connaît pas, car le vernis n’a pas encore perdu de son éclat.
Aimer se réconforter dans l’idée qu’on pourrait aimer, et être aimé, à défaut de s’aimer soi-même.
Comment pourrait-on s’aimer, en voyant l’étendue de notre perfectibilité ?
Comme préférer rêver de la potentialité de transcender son quotidien en comblant un manque existentiel.
Plus que d’aimer ce que l’autre donne à voir de son être intime, qui devrait se refléter en miroir déformant sur nos personnalités malléables.
Mais qui au final renvoie une image de soi que l’on préférerait ignorer.
En vérité on cherche à s’aimer soi-même en magnifiant cet objet de rédemption parfaitement inconnu.
La passivité est pureté, la passivité est flatterie.
A ne pas se confronter à l’autre, on n’apprend pas de nos tares.
Les visages se croisent puis se figent.
Les idées divaguent, les pensées défilent.
Je suis amoureux d’une image.
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3. |
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Je vous ai aimé sans vous connaître, j’ai admiré puis gardé votre portrait en tête. Dès lors, votre beauté tous les jours m’a tourmenté. Chaque activité rythmée par des pensées qui vers vous étaient toutes tournées.
Sans que vous le sachiez, je vous ai aimé. Comme le seul amour véritable peut se manifester, pur et désintéressé. Sans pouvoir agir sur le cours du temps, j’ai profondément ressenti ce que je n’ai pu alors vous exprimer.
Peut-être n'étiez-vous pas intéressée, peut-être étiez-vous intimidée, ou peut-être étiez-vous trop occupée à combattre vos démons, je ne le saurai jamais. Probablement vous êtes-vous résignée, face à ce que vous perceviez comme un trop grand fossé.
Même si je vous connais à peine, votre absence me met en peine. Sûrement êtes-vous passée à autre chose, mes mots ne sont que peu de choses, mais je prends soin d’y exposer mes ecchymoses. Sans doute y ai-je placé trop d’espoir, dans cette rencontre parvenue un triste soir.
Ce que je sais c’est que je vous ai aimé, telle que vous étiez, telle qu’au premier jour vous m'êtes apparue. Au premier regard, vous m’avez plu, bien que vous ne m’ayiez qu'entre-aperçu. Sûrement ai-je surestimé votre capacité à m’estimer pour ce que je suis et non ce que j’incarne, mais il en va ainsi des soubresauts irraisonnés du coeur.
Même s’il m’arrive bien souvent de penser à mal et à l’inverse de ce que je souhaiterais, comme pour faire mentir la fatalité ; et quand bien même mon attachement pour vous ne serait pas réciproque, cela ne m'empêchera pas de conserver le souvenir prégnant d’avoir aimé ce que de vous je me suis figuré.
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4. |
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Même si elle n’en a pas, elle s’en bat les couilles
Malgré son intérêt initial, depuis c’est le silence radio
Pourquoi, comment ? Pas moyen de savoir
Sans passer pour un lourdaud, un donneur de leçons
Pour juste lui rappeler quelques règles de savoir-vivre
Même si au final on fait tous pareil
Sauf que moi-même avec ma tronche de cake ça m’arrive moins souvent de ghoster les gens
Que la femme moyenne peinturlurée de la tête aux pieds ne manquant pas de prétendants
Des messages envoyés dans le vent, des réponses courtes au caractère tonitruant
Masquant à peine son désir de rester courtoise pour ne pas accroître le malaise du passage trop anticipé d’un début d’amitié à un commencement de flirt avorté
Il est évident que même si elle fait valoir qu’elle est occupée, je ne suis clairement pas sa priorité
Comme si envoyer quelques messages prenait une éternité, quand la technologie d’espionnage trahit son désintérêt
Mais il suffit de repenser aux fois où on a refoulé avec plus ou moins de raisons
Les femmes intéressées par nos élucubrations
Pour se rendre compte qu’en fin de compte nous sommes tous des morpions
Parasites et autres avortons, qui nous contentons de vivre notre seule passion
Sans se soucier des grands damnés
Ces pestiférés de l’amour, pas assez beaux ni assez vendeurs
De rêves comme de valeur, pour attirer dans leur escarcelle
La joie de vivre et la fraîcheur des jouvencelles
Alors pourquoi m’avoir cherché ? A ce compte-là autant rien manifester
Si ce n’est peut-être pour se rassurer, qu’elle a voulu faire valoir sa féminité
Gagner en lustre dans le regard de l’autre, comme rechercher le lucre chez un apôtre
Le cœur blessé, le regard baissé, on n’pourra faire que s’ignorer
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5. |
Ruminations
13:41
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J’aurais certainement préféré ne jamais la recroiser
A poings fermés, laisser la vie militer pour l’oubli
Plutôt que me confronter à mes échecs passés
Quelle conjuration que devoir me replonger dans son regard
De ces yeux fuyants ne saisir aucune clé de compréhension
Comme seul témoin d’affection, se jauger un quart de temps, puis s’éviter
Rester stoïque devant l’impossibilité de se dire clairement la vérité
S’échanger quelques bribes de conversation par pure commodité
En retenir des excuses hypocrites qui n’en finiront pas de résonner
Dans ce petit crâne de primate incapable de raisonner en paix
Se servir de plus bas que soi comme tremplin
Voguer vers d’autres âmes comme autant d’autres terres plus accueillantes
Où l’atmosphère se fait moins étouffante, le malaise moins palpable
Enfin choisir de meilleurs partenaires aux gènes moins altérés
Sans cesse chercher à retrouver ce frisson de la découverte
Tenter de capter cet étonnement teinté d’admiration dans le regard de l’inconnu
Alors, seul, confiné, ruminer encore et encore
Ressasser comme seul effort pour un peu plus profondément s’enfoncer
Se servir de ses névroses comme d’un porte-étendard
Qui comme dans un cercle vicieux remuera cette tourbe mentale de désespoir
Sa simple vue m’a déprimé,
Ses mots en trompe-l’oeil m’ont désarmé
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L'Effroyable Association Sataniste des Soviétiques de l'Ouest Rennes, France
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